…LES ARTISTES CONTEMPORAINS AU BÉNIN
D’UNE DÉCENNIE À L’AUTRE…
Ce texte, plutôt bref, Il propose, grâce à une comparaison
simple et rapide des principales tendances que l’on peut
déceler dans les œuvres des artistes contemporains
béninois, une meilleure compréhension de ce qui
se produit sur la scène artistique contemporaine de
ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest où les artistes
bourgeonnent comme de la mauvaise herbe sans
que l’on ne puisse évoquer pour leur présence la
multiplicité des écoles de beaux-arts ou encore des
facilités particulières offertes aux personnes de cette
catégorie par l’état, bien au contraire. Le texte permet
de constater un approfondissement des tendances
qui pourraient désormais être considérées comme
les soubassements d’un art contemporain qui devrait
aller grandissant et étonnant toujours les observateurs
et critiques. Il est vrai que l’esprit souffle où il veut et
nos artistes semblent bénéficier de sa faveur encore et
pour longtemps.
Il aurait fallu plus de temps pour approfondir la
méditation nécessaire à la mise en exergue des
principales qualités de ces œuvres de l’esprit, qui,
tel un vent, souffle où il veut, inspirant à sa guise
jeunes et moins jeunes pour la joie des amateurs, des
collectionneurs et de tous les amis de l’art. L’analyse
porte ici sur des œuvres déjà connues grâce au
premier répertoire daté de 2013 et sur les nouvelles à
découvrir dans le second répertoire de 2020. Puissiezvous prendre du plaisir en compagnie de ces talents
béninois dont le seul souci est de vous retenir auprès
d’eux .
1- 2013
Le premier répertoire des artistes et plasticiens du
Bénin et qui se veut aussi un répertoire des artistes
visuels de ce même pays a assouvi sa noble ambition
de prouver que désormais, dans le plus petit « bled »,
que l’on soit au sud, au nord ou au centre, dans les
villes surpeuplées où la fébrilité est évidente ou dans
les faubourgs plutôt calmes et paisibles, un acteur du monde des arts, un
plasticien est à l’œuvre qui
n’attend que notre visite. Mais
mieux, ce que ce premier répertoire
affirme, c’est que la communauté des plasticiens ici
est d’abord une population de peintres, c’est-à-dire
d’hommes qui ont voulu apprendre des leçons d’hier :
ce pays n’est pas un pays de la sculpure, du moins pas
de celle qui a séduit le monde au XIXème siècle, que
l’on a appelé la « grande sculpture » que l’on retrouve
dans les zones de grandes forêts que sont la Côted’Ivoire, le Gabon, l’actuelle République Démocratiquue
du Congo : point de grands masques blancs, pas de
sculptures géantes avant le 19ème siècle. Ne pouvant
s’appuyer sur ce qui d’habitude est la référence, il
fallait trouver autre chose, les artistes et plasticiens
du Bénin se sont alors tournés vers la peinture, et
le patrimoine de leurs ancêtres. Ils n’ont pourtant
pas oublié entièrement la sculpture et si le bois leur
fait de plus en plus défaut, c’est vers le métal qu’ils
tourneront leurs amours tant il est vrai que le dieu Gu
fut créé au dix-neuvième siècle par leur ancêtre dans
le métal au lieu du bois. Mais à la guerre où il devait
aller, au front, le feu des canons aurait vite eu, raison
de son corps végétal.. Ainsi voyez-vous, si Rémy samuse,
c’est avec le métal qu’il le fait ; les coiffures de Marius
DANSOU disent dans les lamelles et tiges de métal, la
beauté des chevelures noires autrefois souples comme
des cordes, référence essentielle dans cette culture
où c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tresse la
nouvelle. Les frères Dakpogan n’ont pas fini, à partir
de la récupération des récipients émaillés et autres de
nous séduire par nombre de créations qui intègrent
tous les règnes. D’autres jeunes se sont engagés à leur
suite et la scène internationale les a consacrés dans
leur métier
L’autre élément que les plasticiens béninois n’ont
pas oublié et qui affleure partout dans la plupart
des œuvres du répertoire 2013, c’est la spiritualité que leur a léguée leurs ancêtres : presque toutes les
œuvres sont estampillées du signe du vodun, discret
ou clairement représenté comme si l’homme ici ne
peut se dire que par lui. faut-il rendre responsable
de cette prégnance le fait que tous nos artistes sont
autodidactes et qu’ils nous livrent sans fard ni masque
le fond de leur âme ou regarder le vodun comme un
refuge identitaire qui permet aux jeunes créateurs de
s’assurer un label et une différence par rapport aux
créateurs des autres pays du continent ? La mise en
place d’une école des beaux-arts nous permettra très
vite sans doute de trouver les véritables raisons de ce
qui malgré tout demeure une forte marque identitaire
des arts plastiques béninois.
Quand la récupération est reine absolue
L’artiste contemporain d’ici est roi de la récupération ;
certes en recourant à un matériel qui a déjà vécu,
en choisissant de lui faire vivre une autre vie bien
meilleure, puisqu’il a vocation à côtoyer les grands
de ce monde, il s’investit dans la lutte pour un
environnement plus sain. Mais plus fondamentalement,
la recherche du « déjà utilisé » l’amène à chercher le
second souffle pour lui-même et à vouloir aller au fond
de l’âme de la matière qu’il utilise et qui raconte en
son corps plusieurs histoires qui se superposent dans
le silence qu’il doit briser.
Dans ce répertoire, il n’est pas rare que le plasticien
recoure encore à ce que nous nommons des lieux
communs, ceux que l’on retrouve au commencement
de tous les arts plastiques se mondialisant : il peint
des paysages, des monuments rendus célèbres par les
touristes en quête de souvenirs mais c’est en attendant
que sa personnalité profonde émerge et qu’il oublie
qu’il est passé par là… Qui de nous n’a pas eu ses
heures noires ou balbutiantes ? Aussi, murît-il vite au
contact de la scène internationale et de ses multiples
exigences multiples de dépassement.
Nous parlons d’art contemporain, et où que l’on soit, les
moyens de la monstration ne sont pas innumérables.
L’artiste contemporain doit exposer, des peintures et
tableaux ou des sculptures ; il passe dans ce cas de la surface au volume ; il peut aussi choisir de faire une
installation, pour se donner une plus grande liberté
avec les genres classiquement attendus. Le choix est
donc restreint et le plasticien béninois n’a pas plus de
choix que les autres dans le monde. La nature réelle
de sa pratique apparaît donc mieux dans ces genres.
Oui, il peint, et le contact avec le monde extérieur, la
facilité désormais offerte de se procurer à prix d’or ou
contre trois fois rien les mêmes matières premières
et outils que ses collègues d’Europe et d’ailleurs par
exemple rend compte de ses envies. La couleur ici
est abondante ; elle nous vient surtout de l’acrylique,
voyante, violente, fort différente des teintes douces
et nuancées obtenues autrefois par divers procédés
de teinture dont le secret se perd rapidement face
à la modernité, comme si on ne gagnerait pas à
sauvegarder les traditions et techniques picturales
d’hier. Certes, il y a quelques artistes qui s’essaient,
à partir des pigments locaux, mais l’effort que ceci
représente et les risques à prendre avec l’image
contraignent sans doute à préférer la facilité du tout
prêt dans les villes qui sont presque toutes pourvues
d’usines de production de peinture acrylique. Comme
on peut s’y attendre, toutes les techniques que l’on
rencontre dans le monde des arts se retrouvent bien ici
où elles sont chez elles ; les peintres béninois peignent
au couteau, mais ils n’hésitent pas à se servir de leurs
mains aussi comme pour transmettre directement
l’énergie et le magnétisme de leur corps à la matière
inanimée sur laquelle ils doivent œuvrer. N’oubliez pas
que nous sommes au pays des vodun et ici, tout est
dans le subtil, dans une vibration que vous pouvez ne
pas percevoir mais qui ne manquera certainement pas
de vous affecter. Une esthétique de l’accumulation L’art tout d’abord s’entend comme la volonté de
créer une pièce unique ; copier, répéter, dupliquer
a toujours fait sortir du champ de l’art. Pour l’artiste
béninois, depuis toujours et plus particulièrement
pour l’artiste contemporain, sous l’influence peutêtre des esthétiques vodun si fortement présentes,
l’accumulation a été et reste un trait fort de la créativité ; un élément tout seul est insuffisant
pour créer l’émotion attendue du spectateur en art
plastique ; il en est de même des sons par exemple
où la répétition est obligatoire même si elle est jugée
ennuyeuse dans la culture occidentale ; ajouter une
forme à une autre, une figure à une autre permet de
renforcer son effet ; c’était vrai dans le passé, cela le
reste encore aujourd’hui où on a fini par reconnaître
l’importance des fractales.
Amener le spectateur à se confronter à des œuvres
qui peuvent au besoin lui servir de référence pour
remplacer progressivement des images issues d’un
passé révolu par d’autres appelées à se renouveler plus
rapidement au fil du temps qui court désormais tout en
restant toujours un grand maître.
2. 2020
Encore un pas …
Aimé Césaire que je cite de mémoire nous a dit qu’il fallait un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir pour gagné chaque pas… Tel est le principe auquel se conforme l’ABAP en se lançant dans la mise au point d’un second répertoire des artistes du Bénin. Cette tentative pour faire connaître l’art contemporain béninois et ses acteurs est indispensable pour ne pas toujours rester dans l’ombre. La pleine lumière projetée ainsi de façon continue et persistante sur les œuvres de l’esprit de nos contemporains, nous permet de mieux nous connaître comme elle donne une chance à chacun d’eux de se faire découvrir ailleurs que dans leur propre pays. Mais il ne faut pas croire que tout fut aisé. En effet, le deuxième répertoire des artistes et
plasticiens béninois ne semble pas avoir suscité le
maysême enthousiasme que le premier, si l’on en croit
le nombre d’inscrits. Il confirme pourtant, à l’examen, les grandes tendances et orientations décelées depuis le premier qui a eu la force de rassembler les artistes
vivant sur le territoire national et les autres, de la diaspora, mais qui se sentaient par l’âme et l’expression d’ici ; ce brassage des idées et des personnalités a donné comme résultat un premier répertoire où l’on peut affirmer que l’art «contemporain » au sens où il est entendu sur la scène internationale a commencé à
prendre sa place, toute sa place dans notre pays.
Il est en effet attendu de l’artiste contemporain
qu’il assume, en totalité sa création et sa créativité ;
ainsi le recours à la tradition, aux us, coutumes et leur translation pour le visuel dans les œuvres d’art
deviennent moins contraignants ; l’art n’est plus appelé à être le miroir d’un quelconque patrimoine mais le signe d’un dialogue de séduction entre l’artiste et ses publics d’ici et d’ailleurs.… Il est loisible de se demander dans quelles conditions une telle crase se réalise-t-elle ;faut-il une catégorie particulière d’artistes, car en fait dans la réalité, la condition des artistes n’a guère vraiment changé depuis le premier répertoire; ils continuent d’être pour la plupart des autodidactes, formés le plus
souvent sur le tas, obéissant principalement à leur propre inspiration et à leur volonté à vrai dire à leur passion d’être « artistes » et de le demeurer plutôt qu’aux règles et prescriptions académiques d’une institution de formation à laquelle se substituent depuis bien longtemps quelques ateliers de leurs aînés, pompeusement appelés les « doyens », ateliers qu’ils listent prestement comme les centres de leur initiation artistique sans diktat ; la population est essentiellement masculine, mais il convient d’observer
que les rares femmes qui osent troubler la scène de
leurs ébats et de la fougue de leur jeunesse audacieuse
seront bien capables d’ici quelques années de tenir
la dragée haute à leurs collègues, tant leur mordant
est grand. On ne sait leur reprocher leur apparente
insolence, celle-ci a toujours été la porte du succès.
Mais l’art contemporain est aussi le lieu des rencontres
et des influences qu’on subit et assimile dans une
volonté de dépassement ou d’enrichissement de
l’héritage commun aux artistes. Le mimétisme y est
certainement pour quelque chose.
Tenez une de nos artistes contemporains est devenue
experte en « drapés », non pas celui des revenants
dont le jeu de toge continuera de séduire pendant
longtemps, mais de monuments publics et de grands
bâtiments nationaux, dans leur propre pays ou
ailleurs, ; inutile de vous demander si le public béninois y comprend quelque chose, oublieux que les rois du
Danxomè avaient l’habitude de couvrir de grandes
toiles appliquées ornées de motifs, les toits de leurs
palais pour les fêtes des coutumes. Il n’y a pas de doute
que notre artiste n’a pas puisé son inspiration de ce
passé historique, si éloigné de la modernité…
On peut donc penser qu’il y a bien une jeune génération
d ’artistes qui, sans se refuser à aller vers son propre
destin, s’assure une rupture lente et claire avec les
aînés, consciente qu’un public nouveau désormais est
là qui frappe aux portes et attend d’être séduit. Cette
nouvelle génération, surtout lorsqqu’elle affirme
être issue d’une école, en donne les preuves, non pas
nécessairement dans le choix des thèmes, mais surtout
dans le traitement graphique des figures qui sont plus
soignées ; la géométrie des formes apparaît clairement
et la couleur qui est la raison d’être de la peinture
par exemple est utilisée pour créer, à elle seule le
mouvement. La volonté clairement affichée de prendre
ses distances envers un patrimoine ne la pousse
pourtant pas à cracher sur ce qui toujours restera
sacré. Les anciens rois du Danxomè seront toujours
peints, sculptés, mais Béhanzin chaussera des lunettes,
le confondant presque aux intellectuels qu’il n’a pas
connus et auxquels il ne se serait jamais confondus.
L’artiste contemporain joue aussi avec les mots et
prend part de cette manière aux plus grands débats
contemporains. De Lègba, le « glébeux », mais connu
pour être l’intermédiaire entre les dieux et les
hommes, Aplogan Edwige fait un être parcouru de
lumières multicolores, tout le contraire de la motte de
terre qui habituellement le représentait couronné de
deux cornes qui font plus de lui un combattant qu’un
messager.
La disponibilité des moyens techniques autorise
aussi les nouvelles formes de notre art contemporain.
Autrefois, sans les masques du Gèlèdè, il n’y avait
pas d’art, du moins pas de sculpture digne de ce
nom ; aujourd’hui, et le répertoire le montre bien,
les sculpteurs de masques Gèlèdè n’ont plus la première place et pourtant… Grâce à la technologie
contemporaine, la sculpture passe par les machines ;
plus aucun bois n’est impropre et les plus durs, de
couleur rougeâtre, se prêtent à des représentations
dignes des anciennes sculpteurs où on ne voit plus
seulement la tête, mais tout le personnage du danseur.
Les mutations sont donc évidentes et les changements
de mentalité se lisent dans des œuvres chaque fois
plus audacieuses les unes que les autres dont certaines
défient largement les capacités d’hier. Le sculpteur
contemporain est devenu un joueur, et la sculpture
plus ludique…
Le propre de l’art, c’est de raconter une histoire. Dans
l’art contemporain béninois, l’histoire que l’œuvre
raconte est au-delà de ce qui apparaît au regard,
dans l’immédiateté ; elle demande aujourd’hui, en
permanence une reconstruction, laissée au soin de
celui qui regarde, observe, se laisse séduire.
On comprend aisément qu’il s’agisse d’histoires
multiples, changeantes en fonction de tout l’imaginaire
et de toute la culture dont l’amoureux d’art est
détenteur, toutes aussi belles les unes que les autres. Il
est tout simplement heureux que nos artistes se soient
si bien insérés dans le temps qui change pour se saisir
en permanence des nouveaux outils pour partager
et faire connaître notre imaginaire qui lui aussi doit
probablement continuer d’étonner et de faire admirer
les dons de nos artistes contemporains.
ADANDE C E Joseph
...CONTEMPORARY ARTISTS IN BENIN FROM
ONE DECADE TO THE NEXT...
This rather brief text proposes, thanks to a simple
and quick comparison of the main trends that can be
detected in the works of contemporary Beninese artists, a better understanding of what is happening on
the contemporary art scene in this small West African
country where artists are budding like weeds without
one being able to evoke for their presence the multiplicity of fine arts schools or the special facilities offered
to people in this category by the state, quite the contrary. The text shows a deepening of trends that could now
be considered as the foundations of a contemporary art
that should be growing and always astonishing observers and critics. It is true that the spirit blows where
it wills and our artists seem to benefit from its favour
again and for a long time to come.
More time would have been needed to deepen the
meditation necessary to highlight the main qualities
of these works of the spirit, which, like a wind, blows
where it wants, inspiring young and old alike for the
joy of amateurs, collectors and all friends of art. The
analysis here focuses on works already known thanks
to the first repertoire dated 2013 and on new ones to
be discovered in the second repertoire dated 2020. May
you enjoy yourself in the company of these Beninese
talents whose only concern is to keep you with them.
1- 2013
The first repertoire of the visual artists of Benin, and
which is also intended to be a catalog of the professionnels of visual arts of this same country, has fulfilled its noble ambition to prove that from now on, in
the smallest ‘‘bled’’, whether in the south, the north or
the centre, in the overcrowded cities where the feverishness is obvious or in the rather calm and peaceful suburbs, an actor of the world of the arts, a visual
artist is at work just waiting for our visit. But better still,
what this first repertory affirms is that the community
of visual artists here is first and foremost a population
of painters, that is to say, men who wanted to learn
from yesterday’s lessons: this country is not a country
of sculpture, at least not of the kind that seduced the
world in the 19th century, which has been called the
‘‘great sculpture’’ found in the areas of great forests
that are Côte d’Ivoire, Gabon, the current Democratic
Republic of Congo: no great white masks, no giant
sculptures before the 19th century. Not being able to
rely on what is usually the reference, it was necessary
to find something else, the artists and plastic artists of
Benin then turned to painting, and the heritage of their
ancestors. However, they have not completely forgotten sculpture and if wood is more and more lacking
to them, it is towards metal that they will turn their
love as it is true that the god Gu was created in the
nineteenth century by their ancestor in metal instead of
wood. But in the war where he had to go, at the front,
the fire of the cannons would soon have got the better
of his vegetal body. Thus you see, if Rémy’s amused, it
is with metal that he does it; the hairstyles of Marius
Dansou say in the metal slats and rods, the beauty of
the black hair formerly supple as ropes, essential reference in this culture where it is at the end of the old
rope that the new one is braided. The Dakpogan brothers have not finished, from the recovery of enamelled
vessels and others to seduce us with a number of creations that integrate all the reigns. Other young people
have followed them and the international scene has
consecrated them in their profession.
The other element that the Beninese visual artists have
not forgotten and which is evident everywhere in most
of the works in the 2013 repertoire is the spirituality
bequeathed to them by their ancestors: almost all the
works are stamped with the sign of vodun, discreet or
clearly represented as if man here can only say to himself through him. Should we blame for this influence
the fact that all our artists are self-taught and that they
deliver us without blotting or masking the depths of
their souls, or should we look at vodun as an identity
refuge that allows young creators to ensure themselves
a label and a difference in relation to creators from
other countries on the continent? The establishment
of a school of fine arts will no doubt very quickly allow
us to find the real reasons for what despite everything
remains a strong identity mark of Beninese plastic arts.
When recovery is the absolute queen
The contemporary artist here is the king of recuperation; certainly by resorting to material that has already
lived, by choosing to make him live another, much better life, since he is destined to rub shoulders with the
greats of this world, he invests himself in the fight for
a healthier environment. But more fundamentally, the
search for the ‘‘already used’’ leads him to seek a second
breath for himself and to want to go to the very soul of
the material he uses and which tells in his body several
stories that are superimposed in the silence he must
break.
In this repertoire, it is not rare that the artist still resorts to what we call commonplaces, those we find at
the beginning of all the plastic arts becoming globalized: he paints landscapes, monuments made famous
by tourists looking for souvenirs but it is while waiting
for his deep personality to emerge and that he forgets
that he has been there? Which of us hasn’t had his dark
or incipient hours? So, he quickly matures in contact
with the international scene and its multiple demands
for surpassing oneself.
We are talking about contemporary art, and wherever
we are, the means of monstration are not innumerable.
The contemporary artist has to exhibit, paintings and
paintings or sculptures; in this case he moves from
surface to volume; he can also choose to make an
installation, to give himself greater freedom with the
classically expected genres. The choice is therefore
limited and the Beninese visual artist has no more
choice than others in the world. The real nature of his
practice therefore appears better in these genres. Yes,
he paints, and the contact with the outside world, the
ease now offered to obtain at a golden price or against
three times nothing the same raw materials and tools
as his colleagues in Europe and elsewhere for example
reflects his desires. Colour here is abundant; it comes to
us above all from acrylic, which is garish, violent, very
different from the soft and nuanced hues obtained in
the past by various dyeing processes, whose secret is
quickly lost in the face of modernity, as if we would
not gain by safeguarding yesterday’s pictorial traditions
and techniques. Admittedly, there are some artists who
try their hand at using local pigments, but the effort
this represents and the risks to be taken with the image
undoubtedly force us to prefer the ready-made facility
in cities, almost all of which are equipped with acrylic
paint production plants. As one might expect, all the
techniques encountered in the world of art are well
and truly at home here; Beninese painters paint with
knives, but they do not hesitate to use their hands as
well, as if to directly transmit the energy and magnetism of their bodies to the inanimate matter on which
they must work. Do not forget that we are in the land of
vodun and here, everything is in the subtle, in a vibration that you may not perceive but that will certainly
not fail to affect you.
An aesthetic of accumulation
Art first of all is understood as the will to create a
unique piece; copying, repeating, duplicating has
always taken us out of the field of art. For the Beninese
artist, since always and more particularly for the
contemporary artist, under the influence perhaps of the
aesthetics vodun so strongly present, the accumulation
has been and remains a strong feature of creativity; an
element all alone is insufficient to create the emotion
expected of the spectator in plastic art; the same is
true of sounds, for example, where repetition is obligatory even if it is considered boring in Western culture;
adding one form to another, one figure to another helps
to reinforce its effect; this was true in the past, and
remains true even today, when the importance of fractals has come to be recognized.
To bring the spectator into contact with works that
can, if need be, serve as a reference point to gradually
replace images from a bygone past with others called
upon to renew themselves more rapidly as time goes
by while still remaining a great master.
2. 2020
One more step…
Aimé Césaire, whom I quote from memory, told us that
it was necessary to take one step, another step, yet
another step, and take every step as a victory… This is
the principle to which ABAP adheres when it sets out
to develop a second repertoire of artists from Benin.
This attempt to make Beninese contemporary art and
its professionals known is indispensable in order not
to remain always in the shadows. The full light thus
continuously and persistently projected on the works
of the spirit of our contemporaries, allows us to know
each other better as it gives each of them a chance to
be discovered elsewhere than in their own country. But
we must not believe that everything was easy.
Indeed, the second repertoire of Beninese artists and
visual artists does not seem to have aroused the same
enthusiasm as the first, if we are to believe the number of subscribers. However, on examination, it does
confirm the main trends and directions identified since
the first one, which are still in evidence.
However, on examination, it confirms the major trends
and directions detected since the first one which had
the strength to bring together artists living on the
national territory and others, from the diaspora, but
who felt themselves through the soul and expression
of here; this mixing of ideas and personalities gave
as a result a first repertoire where we can affirm that
‘‘contemporary’’ art in the sense that it is understood on
the international scene has begun to take its place, its
full place in our country.
It is indeed expected of the contemporary artist that he
assumes, in totality his creation and creativity; thus the
recourse to tradition, customs and their translation for
the visual in works of art become less constraining; art
is no longer called to be the mirror of any heritage but
the sign of a seductive dialogue between the artist and
his audiences here and elsewhere…
It is possible to wonder under what conditions such a
craze is realized; is there a need for a particular category of artists, because in fact in reality, the condition
of artists has not really changed since the first repertoire. They continue to be for the most part self-taught,
trained mostly on the job, obeying mainly their own
inspiration and their will, in fact, their passion to be
‘‘artists’’ and to remain so rather than the academic
rules and regulations of a training institution that has
long since been replaced by a few workshops of their
elders, pompously called ‘‘deans’’, workshops they list
quickly as the centers of their artistic initiation without diktat; the population is essentially male, but it
should be noted that the few women who dare to disturb the scene of their frolics and the ardour of their
daring youth will be well capable in a few years’ time
of holding their colleagues high, so great is their bite.
We cannot reproach them for their apparent insolence,
which has always been the door to success.
But contemporary art is also the place of encounters
and influences that one undergoes and assimilates in
a desire to surpass or enrich the common heritage of
artists. Mimicry certainly has something to do with it.
Hold one of our contemporary artists has become an
expert in ‘‘draping’’, not that of the ghosts whose play of
toga will continue to seduce for a long time, but of public
monuments and large national buildings, in their own
country or elsewhere; needless to ask whether the Beninese public understands anything about it, forgetting
that the kings of Danxomè used to cover large appliqué
cloth decorated with motifs, the roofs of their palaces for
the festivals of customs. There is no doubt that our artist
did not draw his inspiration from this historical past, so
far away from modernity…
We can therefore think that there is a young generation
of artists who, without refusing to go towards their own
destiny, ensure a slow and clear break with their elders,
conscious that a new public is now knocking at the doors
and waiting to be seduced. This new generation, especially when it claims to be coming from a school, proves
it, not necessarily in the choice of themes, but especially
in the graphic treatment of the figures which are more
neat; the geometry of the forms appears clearly and the
color which is the purpose of painting, for example, is
used to create movement by itself. The clearly stated will
to distance herself from a heritage does not, however,
push her to spit on what will always remain sacred. The
ancient kings of Danxomè will always be painted and
sculpted, but Béhanzin will put on glasses, almost confusing him with intellectuals he never knew and would
never have confused.
The contemporary artist also plays with words and in this
way takes part in the greatest contemporary debates.
From Lègba, known to be the intermediary between gods and men, Aplogan Edwige makes a being traversed by multicoloured lights, just the opposite of the
clod of earth that usually represented him crowned
with two horns that make him more of a fighter than
a messenger.
The availability of technical means also allows new
forms of our contemporary art. In the past, without the
Gèlèdè masks, there was no art, or at least no sculpture
worthy of the name; today, and the repertoire shows it
well, the sculptors of Gèlèdè masks no longer have the
first place and yet… Thanks to contemporary technology, sculpture is done by machines; no wood is unsuitable anymore and the hardest, reddish-coloured ones
lend themselves to representations worthy of the old
sculptors where one can no longer see only the head,
but the whole person of the dancer.
The changes are therefore obvious and the changes in
mentality can be seen in works that are each time more
audacious one than the other, some of which largely
defy yesterday’s capacities. The contemporary sculptor
has become a player, and sculpture has become more
playful …
Art is all about telling a story. In contemporary Beninese
art, the story that the work tells is beyond what appears
to the eye, in the immediacy; it requires today, permanently a reconstruction, left to the care of the one who
looks, observes, lets himself be seduced.
It is easy to understand that these are multiple stories,
changing according to the imagination and the culture
of which the art lover is the owner, each as beautiful
as the next. It is quite simply fortunate that our artists
have so well inserted themselves in the changing times
to constantly seize new tools to share and make known
our imaginary world, which must probably continue
to astonish and make people admire the gifts of our
contemporary artists.
ADANDE C E Joseph
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